Les risques d’une crise diplomatique sur les marchés boursiers
Les valorisations du marché boursier américain n’ont été aussi élevées qu’en 2001 et 2020, la concentration du marché est plus extrême que dans les années 1920 (les dix premières entreprises représentent désormais 38% de la capitalisation boursière de l’indice S&P 500), et les enquêtes auprès des gestionnaires de fonds montrent que les ménages américains sont les plus optimistes quant aux rendements futurs des actions depuis le début des années 1980.
Alors, face à cette euphorie précaire, quand vient la crise?
Nous pensons que les crises surviennent dans des endroits et à des moments inattendus. Une idée qui n’a pas été beaucoup médiatisée mais qui pourrait devenir courante est celle d’une ‘crise diplomatique’. De nombreux pays ont investi diplomatiquement, ou en termes de soft power, dans des institutions, des partenariats et des causes. L’accélération d’un monde multipolaire par le deuxième mandat de Trump crashera la valeur de bon nombre de ces investissements diplomatiques.
Exemple concret de la ‘crise diplomatique’
La relation ‘spéciale’ entre le Royaume-Uni et les États-Unis, semée par Roosevelt et Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale et cultivée plus tard par Thatcher/Reagan, puis les Bush et les Clinton avec John Major et Tony Blair, en est un exemple. Aujourd’hui, il est très difficile de voir une quelconque alchimie personnelle ou un terrain philosophique commun entre Donald Trump et Sir Keir Starmer. Si la ‘relation spéciale’ était une action ou même une crypto-monnaie, sa valeur serait à un niveau historiquement bas.
Dans le détail, l’idée de la ‘crise diplomatique’ m’est venue la veille de voter aux élections générales de l’Irlande. L’Irlande est un pays très excentrique du point de vue géopolitique, avec très peu de débats sur la défense et la sécurité, et une capacité de défense minuscule par rapport à des pays de référence comme la Norvège et la Suède. Dans ce contexte, l’Irlande, tout comme de nombreux autres pays développés de taille moyenne, est sur le point de subir une crise diplomatique. Le pays s’est investi massivement dans l’ONU et l’ordre fondé sur des règles. Certains piliers de cet ordre, comme l’Organisation mondiale du commerce – efficacement construite par un Irlandais (Peter Sutherland) – sont en état de délabrement.
Impacts sur l’Europe et l’Union Européenne
En finance, lorsqu’une crise boursière survient, les investisseurs deviennent structurellement averses au risque, se tournent vers des actifs sûrs et réduisent généralement leurs positions. Il en va de même en diplomatie. Le risque est alors un monde diplomatique plus incertain, moins engagé, et surtout un monde où l’état de droit international est ignoré.
En Europe, conformément aux leçons de la crise financière de la zone euro, cela pourrait impliquer une politique étrangère plus cohérente entre les pays de l’UE (bien que peut-être pas encore unifiée) et plus axée. De nouvelles coalitions politiques et groupes de leadership se formeront, notamment dans le cas des États nordiques et baltes en matière de défense et d’immigration. L’UE doit également cesser la politique de couverture géopolitique de ses membres. La Hongrie sous Viktor Orban est devenue tristement proche de la Russie, et tandis que la Serbie avait tenté de jouer des deux côtés, elle semble plus à l’aise en tant que nation européenne à part entière (c’est un État candidat à l’adhésion).
Source : www.forbes.com