La fermeture des plateformes de cryptomonnaie en Iran : un coup dur pour l’économie numérique
Le 4 janvier, le site web Entekhab a rapporté que la Banque centrale d’Iran avait brusquement fermé les portails des plateformes d’échange de cryptomonnaies sans préavis ni préparation. Cette décision met en péril de nombreuses entreprises qui dépendent du trading de cryptomonnaies. Entekhab a également averti que la fermeture des canaux légitimes de transactions de cryptomonnaies pourrait pousser l’activité vers l’informel, favorisant ainsi les opérations illégales.
Un monopole des Gardiens de la Révolution
Depuis la fin des années 2010, l’activité de minage de cryptomonnaies en Iran est monopolisée par les Gardiens de la Révolution du régime. Cette dernière interdiction des échanges de cryptomonnaies consolide leur contrôle sur les marchés des devises numériques. Le moment choisi pour cette décision est révélateur, alors que l’économie iranienne est confrontée à la faillite, à de sévères sanctions et à des ressources en diminution. Contrôler le secteur lucratif des cryptomonnaies semble être une bouée de sauvetage stratégique pour le régime, mais cela se fait au détriment des citoyens ordinaires et des entreprises.
Dépendance aux plateformes numériques
Les plateformes numériques, y compris les cryptomonnaies, jouent un rôle crucial dans la vie de millions d’Iraniens. Un rapport de l’agence de presse Etemad souligne l’ampleur de cette dépendance :
Instagram, une plateforme largement utilisée par les petites entreprises, soutient 7,1 millions d’entreprises et maintient les moyens de subsistance de 11 millions d’Iraniens.
Par comparaison, l’industrie automobile, un pilier de l’économie traditionnelle de l’Iran, ne représente que 200 000 emplois directs.
Le démarrage d’une entreprise en ligne nécessite généralement seulement 20 à 30 millions de tomans en capital, bien moins que les 1,4 milliard de tomans nécessaires pour établir un emploi industriel.
Le rapport met en lumière le potentiel transformateur de l’économie numérique en Iran, offrant des opportunités d’entrepreneuriat à faible coût et un filet de sécurité pour ceux exclus de l’emploi traditionnel ou du soutien gouvernemental en raison de barrières politiques ou économiques.
Impact économique des restrictions d’Internet
Le journal Jahan-e Sanat a déjà détaillé l’impact économique catastrophique des interruptions d’Internet sur l’économie numérique de l’Iran. Un rapport de septembre 2022 de NetBlocks estimait que les perturbations d’Internet coûtaient 1,5 million de dollars par heure aux entreprises iraniennes. Avec plus de 10 millions de microentreprises opérant uniquement sur Instagram, ces interruptions ont des répercussions sur les moyens de subsistance. L’Institut des statistiques iranien a révélé que 11 millions de personnes tirent leurs revenus des réseaux virtuels, dont 83 % s’appuient sur Instagram comme principale source de revenus.
Le coût social des décisions économiques
La dernière décision du régime de fermer les plateformes d’échange de cryptomonnaies est un nouveau coup dur pour une population déjà confrontée à une pauvreté généralisée. Selon Ebrahim Sadeghifar, responsable de l’Institut du travail et de la sécurité sociale, de 22 % à 27 % des Iraniens vivent dans la pauvreté, luttant pour répondre à leurs besoins fondamentaux. Il a déclaré : « La pauvreté en Iran n’est plus un problème marginal mais une réalité indéniable touchant une grande partie de la société. »
Conclusion
La répression de l’Iran contre les plateformes d’échange de cryptomonnaies illustre la priorité accordée par le régime au contrôle plutôt qu’à la croissance économique et au bien-être des citoyens. En étouffant l’innovation numérique et en fermant les voies de l’entrepreneuriat, le gouvernement risque d’aggraver la pauvreté et de pousser plus d’Iraniens vers la désespérance économique. Alors que l’économie numérique émerge comme une bouée de sauvetage pour des millions de personnes, les politiques qui sapent ce secteur auront des conséquences profondes à la fois pour les individus et pour l’avenir économique de la nation.
Source : irannewsupdate.com