Une Analyse Financière de la Deutsche Börse
La Deutsche Börse a connu une profonde transformation au cours des six années de direction de Theodor Weimer. Son activité n’est plus aussi dépendante des fluctuations des marchés boursiers. Alors qu’auparavant, la volatilité des cours était essentielle au bon fonctionnement de la Bourse, aujourd’hui, bien que les fluctuations des cours soient toujours bénéfiques, le récent bond de 19 % des revenus nets au deuxième trimestre, annoncé par l’opérateur de marché de Francfort mercredi soir, s’est déroulé dans un contexte de grande tranquillité sur les marchés boursiers.
Si l’année 2023, malgré l’agitation temporaire liée aux « Stabilité des banques régionales américaines » en mars 2023 et à la reprise d’urgence de Credit Suisse en Suisse, avait déjà été une année calme pour la Bourse, 2024 s’annonce tout aussi calme. Pourtant, la Deutsche Börse a enregistré 1,45 milliard d’euros de revenus, dégageant un bénéfice opérationnel de 848 millions d’euros grâce à sa marge bénéficiaire très élevée, pour un bénéfice net de 499 millions d’euros.
Des Décisions Stratégiques Majeures chez la Deutsche Börse
Malgré l’acquisition la plus coûteuse de l’histoire de l’entreprise, le rachat du danois Simcorp pour près de 4 milliards d’euros, ainsi que des dépenses de près de 700 millions d’euros en dividendes et 300 millions d’euros en rachats d’actions, la trésorerie de la Bourse a augmenté de 300 millions d’euros par rapport à l’année précédente pour atteindre à nouveau 1,69 milliard d’euros. Theodor Weimer quittera le conseil d’administration à la fin de l’année à l’âge de 65 ans. Stephan Leithner, membre du conseil d’administration depuis 2018, lui succédera à la tête de l’entreprise. Il devra de nouveau réfléchir à l’utilisation des liquidités considérables qui affluent dans les caisses de la Bourse.
Le Dilemme des Marges Bénéficiaires Élevées
Les acquisitions réalisées au cours des années de direction de Weimer ont toutes contribué à diversifier les activités de la Bourse. Au premier trimestre, les revenus du secteur « Solutions de Gestion d’Investissements », incluant notamment le spécialiste des logiciels Simcorp, ont progressé de 84 % pour atteindre 304 millions d’euros. Ce secteur accueille également le spécialiste des données ISS. Cependant, avec un bénéfice opérationnel de 87 millions d’euros, il s’agit du secteur au sein du groupe boursier affichant la marge la moins élevée.
La Bourse se trouve ainsi confrontée au dilemme de trouver des acquisitions dans le monde qui ne diluent pas ses marges bénéficiaires très élevées. Dernièrement, elle s’est également développée dans le secteur des services de fonds, un domaine qui affiche tout de même une marge opérationnelle d’environ 50 %. Dans le secteur traditionnel du négoce et des produits dérivés, la marge dépasse les 60 %, et dans la conservation des titres, sur un total de 416 millions d’euros de revenus nets au premier trimestre, un bénéfice opérationnel de 316 millions d’euros a été enregistré.
Le marché des actions valorise depuis des années cette transformation. Malgré une baisse de tendance récente, l’action boursière coûtait 186 euros jeudi, un peu moins que les 195 euros de son record fin juin, mais nettement plus que les environ 100 euros en début de mandat de Weimer en 2018. Parfois, les investisseurs manquent d’imagination quant aux améliorations possibles, mais la croissance constante et fiable des revenus et des bénéfices est largement appréciée depuis des années. Parmi les 24 analystes, aucun ne recommande de vendre l’action, la moitié préconisant de « tenir » ou d' »acheter ». La plupart des objectifs de cours se situent en moyenne 11 % au-dessus du cours actuel pour les douze prochains mois.
Source : www.faz.net