L’avenir incertain des marchés boursiers à Hong Kong
Hong Kong a longtemps été un symbole de la puissance financière, sa bourse étant souvent en tête du monde en termes d’introduction en bourse (IPO). En 2009, Hong Kong est devenu le plus grand marché mondial des IPO pour la première fois. Une décennie plus tard, en 2019, elle a conservé cette position, soutenue par la cotation secondaire significative d’Alibaba – un témoignage de la vitalité financière de la ville et de son rôle de passerelle vers le capital mondial.
Cependant, comme pour tous les âges d’or, l’éclat de Hong Kong s’atténue. Le marché des IPO, autrefois robuste, résonne désormais de rumeurs de déclin. Les recettes des IPO ont chuté, et le défilé des introductions en bourse de haut niveau s’est ralenti, reflétant la lutte plus large de Hong Kong pour conserver son statut de hub financier mondial.
Une tendance inquiétante sur les marchés des IPO
Les chiffres racontent une histoire alarmante : en 2023, les recettes des IPO sont tombées à leur plus bas niveau en deux décennies. La bourse principale et le marché des entreprises en croissance ont levé ensemble seulement 46,29 milliards de dollars de Hong Kong (5,94 milliards de dollars américains) d’ici la fin de l’année – une baisse spectaculaire de 55,8 % par rapport à l’année précédente et moins de la moitié des 13 milliards de dollars américains de Nasdaq. Plus préoccupant est que le marché des IPO de Hong Kong a été dépassé par ses homologues du continent.
Cette année n’a offert que peu de répit. Malgré 41 entreprises entrant en bourse et levant plus de 19 milliards de dollars de Hong Kong (2,4 milliards de dollars américains), les tendances sous-jacentes sont préoccupantes. Plus de la moitié de ces entreprises nouvellement cotées ont ouvert à des prix inférieurs à leur prix d’introduction, avec 49 % enregistrant des baisses de prix et 44 % accumulant des pertes de plus de 10 %. Par exemple, le fabricant chinois de bubble tea Sichuan Baicha Baidao Industrial, malgré le plus gros décollage de 2024, a vu sa valeur boursière chuter de 27 % le premier jour et a encore baissé depuis sa cotation.
La nécessité d’un changement de cap
Cette rapide dégringolade et la sous-performance financière constante de l’entreprise révèlent une tendance inquiétante : les entreprises fortement dépendantes du potentiel futur plutôt que de la stabilité financière présente contribuent souvent peu à la valeur de marché, surtout dans un environnement aussi volatil que celui d’aujourd’hui. La ruée vers l’introduction en bourse de telles entreprises ne fait qu’accentuer l’instabilité, érodant la confiance des investisseurs.
Cette volatilité n’est pas simplement une préoccupation financière ; c’est peut-être une crise de réputation. Hong Kong, autrefois un bastion de stabilité financière, est en passe de devenir synonyme de fragilité des marchés. Mettre l’accent sur la quantité plutôt que sur la qualité entraîne un afflux d’entreprises cotées aux fondations financières fragiles, éloignant les investisseurs à long terme qui cherchaient refuge dans les marchés de la ville. Cette tendance menace de saper les fondements mêmes du système financier de Hong Kong, érodant la confiance des investisseurs et ternissant la réputation durement acquise de la ville.
Les défis à relever pour Hong Kong Exchanges and Clearing
Malgré les efforts pour revitaliser le marché, Hong Kong Exchanges and Clearing est confronté à des défis importants. Le nombre d’IPO reste faible, et le marché doit faire face à l’impact des tensions géopolitiques. Les relations tendues entre la Chine et l’Occident ont créé des incertitudes, rendant plus difficile pour HKEX d’attirer des introductions en bourse de haute qualité. Ces facteurs géopolitiques, combinés aux vulnérabilités existantes du marché, représentent un défi de taille pour les aspirations de Hong Kong en tant que hub financier mondial.
De plus, la spéculation selon laquelle des géants chinois tels qu’Ant Group et l’application de covoiturage Didi Chuxing pourraient envisager de s’introduire en bourse à Hong Kong soulève des préoccupations quant à savoir si le marché est vraiment prêt à soutenir de telles entreprises de haut niveau et complexes. Si ces géants devaient être cotés à Hong Kong, la capacité du marché à gérer et soutenir leur croissance serait mise à l’épreuve, révélant potentiellement d’autres failles dans l’infrastructure financière de la ville.
Les actions nécessaires pour restaurer la confiance
Lalatech, la société derrière Lalamove, illustre le type d’entreprise que Hong Kong doit attirer. Avec des marges bénéficiaires brutes passant de 39,4 % en 2021 à 61,2 % en 2023, et un bénéfice net ajusté de 391 millions de dollars américains l’année dernière, les fondamentaux solides de Lalatech et sa position en tant que la plus grande plateforme mondiale de transactions de fret en circuit fermé sont évidents. Bien qu’elle ait déjà déposé une demande d’introduction en bourse à Hong Kong, elle n’a pas encore fait ses débuts. Amener avec succès des entreprises – surtout des licornes locales comme Lalatech – sur le marché est crucial pour maintenir l’avantage concurrentiel de Hong Kong sur le paysage financier mondial.
Le besoin de changement est évident. En mettant l’accent sur l’attraction et le soutien des entreprises apportant une valeur réelle, Hong Kong peut reconstruire sa réputation et garantir que ses marchés financiers restent compétitifs sur la scène mondiale. Il est temps d’agir, avant que les bases du marché ne soient encore affaiblies par une survalorisation de l’expansion du nombre de cotes sans égard pour leur impact. Par des actions stratégiques et des incitations bien conçues, Hong Kong peut une fois de plus devenir un phare de stabilité et de croissance, reflétant l’esprit indomptable qui a toujours défini la ville.
Source : www.scmp.com